2 mars 2010

Les éléphantasmes (ou les mondes virtuels engloutis) - E.S.

Mort de rire face au nu humain 
Lol c'est le sésame ferme-toi
De ce poème kaléidoscopique
qui zèbre la pâleur du papier
pour dire la prison de l'être

Hymne à la peau d'abord
à son chant soyeux
quand la caresse câline
voyage les doux tropiques
Et danse un désir de feu

Chant de chair morte ensuite
Conservée sous vide
Consommée sans vie
avec absence chronique
de chaleur humaine

électrons pas trop libres
avec lesquels jouent
une vilaine fée électricité
écran du computer allumé
connexions en cours
à la cam jeu virtuel
à caractère sexuel
Lol c'est le mot de passe
un ticket tendu au Minotaure
pour qu'il entre dans l'informe
d'un foutu labyrinthe
dans lequel en rut
les goules les harpies
les succubes et les truies
modulent les plaisirs fauves
ego concave
dans le miroir brisé
je est une poupée gigogne


Vrai il fait grand froid métallique 
oui le syndrome est planétaire
solitudes arachnéennes
et mortes amours en pluie
c'est une chanson de poussière
azertyuiop maudit abécédaire
et au clavier mal tempéré
faux rythme digital exécuté
qui bruite un numéro obscène
entre alors en scène
volutes de fumée
dansant le french cancan
les roses éléphantasmes


A propos de Coccinelle Bleue
De sa bouche en forme d'entonnoir
Aux  sanguines lèvres de pétale
elle extrait une langue gourmande
qui est une invitation à la lévitation
experte buccale la demoiselle
qui sait l'art raffiné de l'érotisme
et qui quand elle est en ligne
affole toutes les boussoles
L'ourlet des lèvres est fruité
la miss goyave le goût de l'interdit
Et fraise son innocence


C'est l'effet Barnum
version maintenant
genre bordel ambulant
clic ou double clic
le rideau s'ouvre
sans orgue de barbarie
Ni pianola d'ailleurs
et la revue sur la rétine
laisse une impression de déjà vu
comme un jour sans orgasme


D'une apparition l'autre
le puzzle de l'ego
s'assemble amour monstre
vite un ballon d'oxygène
car trop mal au cœur
et à la mer immense
hurler alors dans l'hygiaphone
que l'absence de tendresse
à la longue ça blesse


De ce noir carnet de néant
tout rempli de livides exhibitions
en effeuiller le chrysanthème
un peu entre deux volutes de songe
beaucoup pour accélérer la chute
et à la folie car sans elle pas d'ailes
l'homme-séquoia lui
rêve frisson arc-en-ciel
de la plus haute cime



A propos de Jaimeça
en peindre le portrait

c'est une expérience floue
Qui n'a rien d'esthétique
Ses seins sont des baleines
harponnés par l'inactivité
a ses pieds ils tombent
de ses montgolfières madame
en fait un spectacle de foire
et sans gène se dévoile
avec le fol espoir
de mordre le septième ciel


Porno blues et opaque époque
c'est la mécanique des sexes
plutôt en manque de mouille
et surtout pas de rouille
c'est de l'anti-désir
c'est le couvre-feu policé
ecce homo erectus
motus et bouches cousues
que personne ne bouge
a l'intérieur c'est cul-de-sac
rue déserte et coffre-faible
fermé à double tour

A propos d'Orchidée
inspiré est son majeur
qui fait du ski savant
sur des lèvres pourpres
cette fleur humide
est sœur nymphomane
des sables mouvants
le va-et-vient est métronome
jusqu'au vertige suprême
le sourire de son sexe
est idem à celui de la Joconde

Les dès agités puis lancés
par les fibres nerveuses sont pipés
libérer un chouïa il le faut
cette haute tension animale
rencontres de hasard
et aussi d'infortune
kikoo bonsoir boudin superbe
il fait lune pleine envie de baise
c'est moi l'ombre chinoise
du ciel bleu dans les yeux

Hermaphrodisme gingembre
vision troublante
est-elle homme
est-il femme
immobile comme l'eau
ce corps de lune
ardent comme un soleil
ce regard fixe et pénétrant
son geste est musical
et sa peau si diaphane
cette créature déchue
d'un paradis perdu
est un rêve éveillé

A propos de Plume
cet orpailleur effronté
griffant tendre sauvage
de symboles fous
son volumen licencieux
raconter en sourdine
comment blanc neige
ses appétits de peau
l'ont sorti du cauchemar
et rendu à la vie vraie
la peau dans son écrin
amoureuse ou solitaire
élastique ou séraphique
miracle permanent
et exquise alchimie
une touche sensible
et hop elle brille 


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texte Ecriture Silex / illustration graphique Stéphanie Opfermann