8 juin 2011

Lady boy - E.S.

A la sanguine, au miroir irréfléchi, dessiner un baiser de pieuvre alanguie. Je me tire la langue, je me déhanche sous les lumières artificielles et je caresse, tendresse de tigresse, l'éternité de cet instant qui me fait le grain de peau luisant. Tantôt ying et tantôt yang, je me balance tel un pendule, du feu sucré du phallus à la fleur carnivore mouillée. Je vais et je viens entre les deux pôles de mon être bicéphale, et ces champs magnétiques sont érotiquement volcaniques. En un long crescendo de râle d'amour en phase terminale, je module les plaisirs de ma cité interdite.


Hier, sirène en habit d'écailles qui réverbère la lumière noire et demain rhinocéros qui défonce l'arbre de vie, en gravant sur l'écorce, de sa corne aphrodisiaque, les anamorphoses les plus torrides. Invivable, le suis, car je suis du signe du trouble permanent. Côté pile, j'allume des désirs fauves dans les yeux des nymphettes et autres lolitas qui ont l'écume bien rose sur les lèvres ourlées. Côté face, par principe mâle, j'invente des formules magiques qui sont des haïkus sexuels. Et ceux qui prêtent l'oreille, sont embarqués dans le délire et mettent le cap sur l'île aux seins de semoule.


Au quotidien, je vous l'accorde, ce n'est pas si facile d'être femme le matin et homme l'après-midi ou l'inverse, car, ouiiiii, ça dépend de mes désirs. A l'horizontale, sur la table des plaisirs, c'est une toute autre chanson. Ceux qui me visitent, au sortir du lit, disent tous qu'ils ont goûté l'ivresse de l'immortalité. C'est que je sais l'art de la petite mort comme personne. Et que les yeux chavirés de ceux qui ont joui entre mes bras ont vu le soleil embrasser la lune. Un coup de rouge à lèvres et hop, c'est reparti!


Diurnes ou nocturnes, mes œuvres de chair ont, comme communs dénominateurs, l'intensité, partagée à tous les étages. Sans elle, à quoi bon courir les rues, la chevelure électrique, pour trouver les dessous chics qui, sur vos systèmes nerveux, agiront comme des électrochocs et les cosmétiques les plus hypnotiques qui sauront vous faire mordre la poussière d'étoile. Tandis que le joint d'herbe allumé, dans l'atmosphère, fume des hippocampes qui exécutent un ballet vicieux, l'envie d'un jardin de volupté passe au vert. Ondulant comme le serpent, je me glisse dans le lit, pour y jouer une divine musique de chambre, en accord avec l'instrument de mes fantasmes. Je ne sais pas si je suis mâle ou femelle. Et c'est le poids du papillon qui me hante à chaque fois.