2 janvier 2011

Voillage - E.S.

à tire-d'aile monter en chandelle

vers un ailleurs jardin d'Éden

avec deux L mettre à la voile

à tribord ou à bâbord

cap sur les gais tropiques

et sur la langue brûlée

écrire mustang

le goût melon de l'extase

écrire en vers libre

à la vitesse de la foudre

avant le grand voillage

le tourbillon de poussière

dans le sillage du desperado

écrire plume d'ange

échappé du labyrinthe

dans la neige vierge

le haïku du baiser volé

écrire il était une fois

dans l'ouest de la cow-girl

et les mots soulographes

embrasser la belle

à la mèche rebelle

sans boussole ni auréole

quitter le pays ennuyeux

pour un autre merveilleux

dit aussi de Cocagne

c'est une invitation au voyage

contemporaine et fumeuse de kif

Baudelaire enfin sorti du lupanar

c'est un billet pour Cythère

poumons en montgolfière

sous les pieds grain de poussière

la terre est un parc d'attraction

et dans la nuit d'encre noire

rêve fou du noctambule affreux

au nimbe diaphane de la lune

le soleil lance une œillade câline

là-bas dans la cité polluée

où serpente un air jaune vicié

une aérienne ballerine

dans les yeux de son amant

danse l'oiseau de feu

zone érogène interdite

traversant le « pot au rose »

Ulysse marin sans boussole

la caresse comme unique gouvernail

électrochoc des dessous chics

Pendu à sa bouche cerise

tchin-tchin et poisson d'or

je langue la mousse champagne

de la belle en dentelle

je lèvre ce verre d'éternité

2 mars 2010

Les éléphantasmes (ou les mondes virtuels engloutis) - E.S.

Mort de rire face au nu humain 
Lol c'est le sésame ferme-toi
De ce poème kaléidoscopique
qui zèbre la pâleur du papier
pour dire la prison de l'être

Hymne à la peau d'abord
à son chant soyeux
quand la caresse câline
voyage les doux tropiques
Et danse un désir de feu

Chant de chair morte ensuite
Conservée sous vide
Consommée sans vie
avec absence chronique
de chaleur humaine

électrons pas trop libres
avec lesquels jouent
une vilaine fée électricité
écran du computer allumé
connexions en cours
à la cam jeu virtuel
à caractère sexuel
Lol c'est le mot de passe
un ticket tendu au Minotaure
pour qu'il entre dans l'informe
d'un foutu labyrinthe
dans lequel en rut
les goules les harpies
les succubes et les truies
modulent les plaisirs fauves
ego concave
dans le miroir brisé
je est une poupée gigogne


Vrai il fait grand froid métallique 
oui le syndrome est planétaire
solitudes arachnéennes
et mortes amours en pluie
c'est une chanson de poussière
azertyuiop maudit abécédaire
et au clavier mal tempéré
faux rythme digital exécuté
qui bruite un numéro obscène
entre alors en scène
volutes de fumée
dansant le french cancan
les roses éléphantasmes


A propos de Coccinelle Bleue
De sa bouche en forme d'entonnoir
Aux  sanguines lèvres de pétale
elle extrait une langue gourmande
qui est une invitation à la lévitation
experte buccale la demoiselle
qui sait l'art raffiné de l'érotisme
et qui quand elle est en ligne
affole toutes les boussoles
L'ourlet des lèvres est fruité
la miss goyave le goût de l'interdit
Et fraise son innocence


C'est l'effet Barnum
version maintenant
genre bordel ambulant
clic ou double clic
le rideau s'ouvre
sans orgue de barbarie
Ni pianola d'ailleurs
et la revue sur la rétine
laisse une impression de déjà vu
comme un jour sans orgasme


D'une apparition l'autre
le puzzle de l'ego
s'assemble amour monstre
vite un ballon d'oxygène
car trop mal au cœur
et à la mer immense
hurler alors dans l'hygiaphone
que l'absence de tendresse
à la longue ça blesse


De ce noir carnet de néant
tout rempli de livides exhibitions
en effeuiller le chrysanthème
un peu entre deux volutes de songe
beaucoup pour accélérer la chute
et à la folie car sans elle pas d'ailes
l'homme-séquoia lui
rêve frisson arc-en-ciel
de la plus haute cime



A propos de Jaimeça
en peindre le portrait

c'est une expérience floue
Qui n'a rien d'esthétique
Ses seins sont des baleines
harponnés par l'inactivité
a ses pieds ils tombent
de ses montgolfières madame
en fait un spectacle de foire
et sans gène se dévoile
avec le fol espoir
de mordre le septième ciel


Porno blues et opaque époque
c'est la mécanique des sexes
plutôt en manque de mouille
et surtout pas de rouille
c'est de l'anti-désir
c'est le couvre-feu policé
ecce homo erectus
motus et bouches cousues
que personne ne bouge
a l'intérieur c'est cul-de-sac
rue déserte et coffre-faible
fermé à double tour

A propos d'Orchidée
inspiré est son majeur
qui fait du ski savant
sur des lèvres pourpres
cette fleur humide
est sœur nymphomane
des sables mouvants
le va-et-vient est métronome
jusqu'au vertige suprême
le sourire de son sexe
est idem à celui de la Joconde

Les dès agités puis lancés
par les fibres nerveuses sont pipés
libérer un chouïa il le faut
cette haute tension animale
rencontres de hasard
et aussi d'infortune
kikoo bonsoir boudin superbe
il fait lune pleine envie de baise
c'est moi l'ombre chinoise
du ciel bleu dans les yeux

Hermaphrodisme gingembre
vision troublante
est-elle homme
est-il femme
immobile comme l'eau
ce corps de lune
ardent comme un soleil
ce regard fixe et pénétrant
son geste est musical
et sa peau si diaphane
cette créature déchue
d'un paradis perdu
est un rêve éveillé

A propos de Plume
cet orpailleur effronté
griffant tendre sauvage
de symboles fous
son volumen licencieux
raconter en sourdine
comment blanc neige
ses appétits de peau
l'ont sorti du cauchemar
et rendu à la vie vraie
la peau dans son écrin
amoureuse ou solitaire
élastique ou séraphique
miracle permanent
et exquise alchimie
une touche sensible
et hop elle brille 


----
texte Ecriture Silex / illustration graphique Stéphanie Opfermann

28 janvier 2010

Colin Folie, un ange poétique foudroyé - E.S.

Colin Folie était un pur concentré de poésie. Il a vécu un chemin de croix où, à l'instar d'un petit Poucet des temps modernes égaré dans un monde qui n'en a jamais fini de se déshumaniser, il a semé des vers rythmés par l'urgence de vivre intensément et des phrases bien balancées qui invitent le plexus solaire à faire un sacré yo-yo.
Ceux, ils sont nombreux, le personnage était dans la vie, et non pas du genre tour d'ivoire, qui ont croisé son ombre de feu, se souviennent de sa passion à dire, à écrire, à dessiner dans l'espace des gestes de plume pour caresser cet absolu dévorant tant recherché des artistes.
Son or poétique a trouvé sa source à la lecture des Rimbaud, Lautréamont, Artaud, Michaux, Neruda et les autres. Dans sa galaxie, les poètes maudits, ils forment une armée en déroute quand la page blanche, allumeuse, se montrent en dessous chics, sont chéris bien sûr. Mais tant d'autres aussi ont donné à boire à sa soif d'ailleurs, comme les beatniks, Kerouak, Ginsbergh et tous ces foutus allumés qui ont bien bougé leurs culs, en parcourant des kilomètres illicites.
Colin aussi a vécu dans des zones interdites, cultivant le chaos pour chatouiller de sa plume enjôleuse les muses. Erato, en guenilles, avait ses faveurs. Officiellement, à l'Etat civil, c'était Rémi Demolder. Mais lui, c'était choisi un nom de scène, un pseudo plus seyant à son âme d'Albatros, Colin Folie.
Colin, parce que la lecture de l'Ecume des jours de Vian, lui avait mis un joli coup d'enclume esthétique sur la tête et Folie parce que sans Folie pas d'art possible. Alors extrait. Un poème tiré de son recueil de poésie, "Fascisme de clown", publié de son vivant, à très peu d'exemplaires, cela va sans dire. Je me souviens, saltimbanque farceur, il écumait une foire marchande pour le vendre à la criée.


Nous resterons silence
Au creux de nos baisers
Nous serons l'écume
Brisant amoureux
Le calme d'une vague
Nous serons ivresse
Caressant de nos doigts
Nos désirs typhons
Nous porterons aux sirènes
Nos mots d'amour
Envoûtement bémol
Nous chanterons nos corps
Sur des plages désertes
Je te dirai je t'aime
Tu me crucifieras
D'un sourire hypnotique
Nous éclaterons de miel et de lune


Avant le dernier voyage, celui programmé, de toute éternité, par la grande Faucheuse, avant les échouages hideux et les fatigues d'un corps qu'il a peu ménagé, brûlant forcément la chandelle par les deux bouts, il a partagé le gâteau du beau. Il a eu le tord de naître à une époque où le sida décimait à gogo sans qu'on sache trop ce qu'était ce virus. A la une des journaux, ou à la télé, cette maladie, d'abord celle des homos, ensuite des toxicos, en gros titres, réveillait des peurs ancestrales. On parlait pas encore de trithérapie. On parlait plus de punition divine. Le Colin Folie, l'ai connu, j'étais guère plus haut que trois pouces, dans la fleur de l'âge, il avait le cheveu long bouclé, une bouche à dévorer Saturne et le geste électrique. Plus tard, il me l'a écrit, avec des mots phosphorescents, avec le scolopendre de cette maladie qui lui courait dans les veines, de lentes mais inévitables dégradations et décompositions de tout son être et de ses forces créatrices accompagnées et ses jours et ses nuits. Alors extrait d'une lettre, tirée au hasard d'une correspondance volumineuse et lumineuse.
(...)


Le papillon dans les burnes déploie ses cotillons...L'électrisme source a fui les marais par peur de l'hydre.. Quel couard!!!les muscles avilis, j'absorbe l'éponge grosse qu'elle est de degrés dégoulinants sur ma moquette mentale.
Ô poivresse pinard...donne m'en des kils de ton azur...Fous-moi une nifle, un niflon violacé qui nous éructe sa confiture... Jaja salope donne-moi un verre... Ra nous fait encore ses déliriums...à voir des sales petites teignes d'humains il se lamente...crachant son sperme-feu sur nos épaules chargées... Ô vous savez, il y a nos légendes...celles qu'on donne en pâture aux végétaux gribouillards..Il y a nos vies aussi, engrossées par l'aurore, avec nos filles-queues dans la poubelle...Avec...mon sang, mes mots...et la violence sur sur nos murs et les lambeaux de l'imposture... Avec des flammes à nos rideaux...aussi le luxe de la misère... Misayre...Misayre...Misayre...temple occitan de nos cerveaux... Couper nos cous à la tristesse..Foutre son vit dans l'univers...Éclabousser...Éclabousser à jamais les astres interdits..regarde l'Aujour qui m'fait la nique...et ces pestilences secondes qui chronomètrent la nausée...Flamber d'extase dans nos viandes-musées...Insulter la chair...S'bourrer la gueule tout simplement...J'onomatopèse mes mots... J'articule machinalement le substantif testicule... Et je rogne...Et je rogne, j'éclate de rire, de pure démence, copulez, copulez messieurs les rustres...mais laissez-nous donc nos tronches-cerceaux...Alors ne me trifouillez plus l'oignon avec votre acacadémisme frelaté!!! Le bleu plonge dans une cuvette, se lave les crocs et se fait beau...L'oiseau rugit sa fiente nouvelle...Et l'espoir guano , je m'interpose, je m'interpose...Ah les bruits intolérables du calme...ces cris serments à la porte de Rodez...Ma silhouette ciseau, vous offre mes lèvres (....)


Le dernier soupir lui a cloué le bec à cet oiseau du malheur, mais avant cela, il aura trouvé le temps de pondre un roman, son tire, 'L'enfant joue encore aujourd'hui", un texte, vraie lave en fusion, "soliloque", et aussi "En finir avec une route", un testament du langage écrit sous la forme d'un poème-roman.
Plutôt qu'un passage éclair, mieux vaut parler de la traversée d'une comète dans une nuit étoilée. Les oubliés de la littérature, il en un est de plus. Et dans les cartons, ce chercheur d'or a laissé quelques beautés qui ne demandent qu'à vivre un peu, le temps d'une lecture, dans les yeux célestes du lecteur!
A bon entendeur...Plume dans le vent!

12 septembre 2009

Haïku vaudou du Canigou - E.S.

Allumer le feu

De l’esprit haïku

Guetteur mélancolique

Basse altitude

Nuit du cœur

Suis nu ver

Ailleurs intérieur

A la recherche de l’extase blanche

Je caresse mon feu



Chanter alors l’ascension

La musicale cadence

Du souffle vital

Et caresser les reliefs

Et embrasser les gorges

A cheval sur un vent estival

Un peu plus haut

Vision hélicoïdale

L’appel du sommet

Règne minéral

Massif pyrénéen

Champ magnétique sensuel

Le cheveu fou au vent

Le peauaime respire

L’oxygène rare

Règne minéral

La bouche se rincer

Avec une pierre

L’astre d’or

Du levant au couchant

Zèbre les reliefs

Patchwork de lumière

Mosaïque de vertiges

Homme volant






Un peu plus haut

Mouton de nuage

Se lovant dans un creux

Montagne sacrée

Je te chante

Et tu m’enchantes

Pic en dent de chien

Larme de cristal

A l’œil du catalan

Là-haut incandescent

A 2784 mètres et des poussières

Ciao tic-tac

Marche triomphale

Par les sentiers escarpés

Du faiseur de rêve éveillé

Un peu plus haut encore

Panorama western

Et mirage des villes

Marseille et Barcelone

Se lancent des œillades câlines

De toute éternité



Pure émotion

En apesanteur

Lévitation mystique de l’ange vagabond

19 août 2009

Mûr pour les déconfitures - E.S.

L’ordure se rengorge comme un paon au bras de la syntaxe javellisée

Le bromure pompe comme une sangsue le feu sucré du phallus

La rature jouit comme une jument de la poubelle qui la branle

La parure piétine comme une truie l’architecture instable du moi cancer

Les morsures s’éclatent comme des merluches à dépiauter mes itinérances

L’écriture me perfore l’abdomen comme une chignole en se tordant de rire

Et moi minable automate désarticulé j’ouvre le bal des ombres cannibales

Quand donc nos parallèles croiseront-elles lèvres pulpeuses ?